« Vous dites : la vie est belle. Oui, mais ce n’est qu’une apparence !
Pour nous, les trois sœurs, la vie n’a pas encore été belle, elle nous a étouffées
comme de la mauvaise herbe… » Anton Tchekhov, Les Trois Sœurs, 1901.
C’est cette citation que Laura Poggioli a choisie en préambule à son premier roman publié dont le titre, Trois Sœurs (Éditions L’Iconoclaste), fait écho à la pièce de l’écrivain russe. L’auteure raconte l’histoire des sœurs Khatchatourian – Krestina, Angelina et Maria – qui, un soir de l’été 2018, alors âgées respectivement de 19, 18 et 17 ans, ont tué leur père dans l’appartement familial d’un quartier nord de Moscou. Depuis des années, il leur infligeait d’incessantes violences physiques et psychiques. Ce fait divers est devenu une affaire nationale, divisant l’opinion publique, d'autant plus qu’en 2017, les violences domestiques ont été dépénalisées. Dans son roman, Laura Poggioli alterne la fiction, qui façonne la vie des trois sœurs, leur quotidien, et le récit qui s’articule autour de leur histoire, s’appuyant notamment sur les retranscriptions des entretiens avec la police. Elle explore aussi les mécanismes de l’emprise, de la maltraitance, donne des éclaircissements sur la société contemporaine russe, sur ses paradoxes et fait résonner sa propre expérience.