À l’occasion du centenaire de la naissance d’Italo Calvino (1923-1985), plusieurs événements et publications célèbrent l’œuvre et la pensée de l’écrivain. Parmi ces événements, des émissions radiophoniques sur France Culture et un documentaire, Italo Calvino, L’écrivain perché, diffusé sur Arte. À l’Institut Culturel Italien de Paris, où figure l’exposition « Calvino Imaginaire » jusqu’au 12 janvier 2024, sont organisés des débats consacrés aux ouvrages récemment parus en France. Signalons justement la publication en septembre de Liguries, un recueil de textes inédits d'Italo Calvino aux éditions Nous, ainsi que la sortie le 15 novembre du roman Les jeunes du Pô aux éditions des Cahiers de l'Hôtel de Galliffet, inédit également, tous deux traduits et présentés par Martin Rueff. Mais c’est surtout la Correspondance de Calvino, publiée chez Galimard le mois dernier, avec le soutien de la Fondation La Poste, dont nous allons parler ici. Cette correspondance qui s’étale entre 1940 (Calvino n’a pas encore dix-sept ans) et 1985 (il a presque soixante-deux ans), intitulée Le métier d’écrire, traduite par Christophe Mileschi et Martin Rueff, établie et préfacée par ce dernier, est constituée de trois cent quinze lettres de Calvino choisies parmi le millier disponible. Cet ensemble, qui comprend un riche appareil critique, se construit en cinq périodes chronologiques : l’entrée en guerre et l’entrée en littérature ; les débuts chez l’éditeur Einaudi, le Parti Communiste et les premiers succès ; la sortie du PCI et l’installation à Paris ; les années parisiennes et le retour à Rome. Il y a très peu d’épanchements autobiographiques dans les lettres de Calvino. Certaines s’apparentent à des essais sur la littérature, la politique, la philosophie ou la traduction. La correspondance, captivante, fait partie de l’œuvre de l’écrivain. « Calvino a aimé la littérature : il a aimé la lire, l’écrire, la publier. Il eut, comme tout le monde, des difficultés à s’orienter dans le métier de vivre ; il fit du métier d’écrire le cœur de sa vie », affirme Martin Rueff – professeur de littérature française à l’Université de Genève, traducteur de l'italien, poète et philosophe –, que nous avons interviewé.
Édito