« C’est un Truffaut construisant sa personnalité, se désengageant volontiers des enjeux sociétaux pour forger une esthétique à coups d’éclats et de tâtonnements, de découvertes et de remises en question, que l’on dévoile ici, mais aussi les lignes de fuite et les zones d’ombre d’un artiste auquel le temps va cruellement manquer », affirme Bernard Bastide en préambule à la Correspondance de François Truffaut avec des écrivains, édition qu’il a établie et annotée. Le volume de 528 pages, publié chez Gallimard avec le concours de la Fondation La Poste, est en librairie depuis le 3 mars. Il comprend un cahier central avec quelques fac-similés de lettres du cinéaste et de ses correspondants, tels Jean Genet, Jean Cocteau, Louise de Vilmorin, Jacques Audiberti, Serge Rezvani ou encore Henry Miller et Ray Bradbury. Sa couverture présente une photo en pied du cinéaste, portant une pile de livres sous le bras. Si François Truffaut se révèle être dès l’adolescence un « épistolier compulsif » – ses lettres qui se comptent par milliers sont conservées pour la plupart dans les archives de la Cinémathèque française –, il est aussi un grand lecteur et un découvreur de romans. Enfant, il lisait Zola, dévorait Balzac : « Ce que je préférais, c’était La Peau de chagrin, à cause de la folie qui y passe. », disait-il à Georges Sadoul en 1959 (Les Lettres françaises N°775). La littérature, les livres, comme les échanges épistolaires sont omniprésents dans ses films. Cette Correspondance atteste de sa passion commune pour la littérature et le cinéma, depuis sa première lettre à Jean Cocteau, en 1948, jusqu’à sa disparition en 1984, à l’âge de 52 ans.
Figure importante de la Nouvelle vague, François Truffaut a suscité, par son passé de critique aux Cahiers du Cinéma et au journal Arts-Spectacles comme par son travail de cinéaste, un certain nombre de vocations.
Entretien avec Bernard Bastide, historien du cinéma, qui a conçu cette remarquable édition. Il est l’auteur, notamment, des Mistons de François Truffaut (Atelier Baie, 2015) et a publié en 2021 chez Denoël François Truffaut, La Leçon de cinéma.
Édito