FloriLettres

Édito avril 2023. Par Nathalie Jungerman

François Truffaut & Helen Scott, Correspondance 1960-1965

Édito

Helen Scott (1915-1987), qui entra un peu par hasard au French Film Office comme attachée de presse, n’a eu de cesse de promouvoir aux États-Unis, dans les années 60, les films de François Truffaut et ceux de ses « copains de la Nouvelle Vague ». Serge Toubiana a mis dans la lumière cette femme de l’ombre, en publiant sa biographie en 2020, L’amie américaine (Stock) et aujourd’hui, aux éditions Denoël, une partie de sa correspondance avec le réalisateur des Quatre Cents Coups. Le volume, qui comprend un cahier de photographies et quelques courriers reproduits, rassemble les lettres qu’ils se sont écrites entre 1960, année de la première visite de Truffaut à New York – à l’occasion de la remise du prix de la critique décerné à son premier long-métrage –, et 1965, avant que Helen Scott ne s’installe à Paris pour se rapprocher de celui qu’elle adore et nomme Mon petit Truffe. Ces cinq années, explique Serge Toubiana, sont « l’essentiel, le cœur vivant, le cœur battant de cette relation qui dure plus de vingt ans », jusqu’à la mort du cinéaste, le 21 octobre 1984. Les lettres sont toutes passionnantes, pleines d’esprit, d’humour et d’affection. Elles révèlent les multiples projets du jeune réalisateur et producteur qui dirige Les Films du Carrosse, société qu’il a fondée en 1957. Helen Scott et François Truffaut s’ouvrent mutuellement de nouvelles perspectives, elle le renseigne sur la culture et la presse américaines, lui, éduque le regard qu'elle porte sur le cinéma. Lors des fameux entretiens entre Truffaut et Hitchcock, en août 1962, Helen Scott assure la traduction simultanée et participera de manière décisive à la première édition de l’ouvrage paru quatre ans plus tard chez Robert Laffont, sous le titre Le cinéma selon Hitchcock. Serge Toubiana (président d’Unifrance, ancien directeur des Cahiers du cinéma et de la Cinémathèque française) a bien connu François Truffaut et a rencontré Helen Scott deux ans avant sa mort. Cette correspondance, qui ravit son lecteur, est un précieux témoignage sur l’accueil des films de la Nouvelle Vague à New York et sur l’attachement profond qui a uni ces deux personnages romanesques.