« La Révolution s’affiche »
© Éditions Fayard
« Que demande le peuple ? Les cahiers de doléance de 1789 »
© Éditions Textuel
« La Révolution s’affiche »
Effets typographiques
Au XVIIIème siècle, les imprimeurs-typographes aèrent et simplifient les textes affichés. Ils jouent sur la taille des polices, les fontes de caractères – entre italique et romain – et la casse – entre majuscules et minuscules.
Les placards de la collection Portiez de l’Oise font ainsi apparaître l’inventivité de ces concepteurs d’affiches pour formuler des titres originaux, à l’image des injonctions ordonnant la lecture : « Arrêtez-vous et lisez. »
À partir de la loi du 22 juillet 1791, seules les affiches officielles sont, en théorie, imprimées sur papier blanc. Papiers de couleur, papiers peints, titres encadrés à la gouache ou au crayon, signalent alors la prolifération des affiches publicitaires et des éphémères diffusés par les clubs et sociétés politiques.
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26 juin 1792 (?)
« RÉVEIL DU PEUPLE.
Les serpens siflent, évitons leur morsure. »
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DÉPARTEMENT DE PARIS.
PROCLAMATION.
CITOYENS,
LE moment de la justice est enfin venu. LOUIS CAPET va être jugé. Cet instant doit être celui du calme. Le peuple cesse toujours de se faire justice, quand on la lui fait. Que tous les amis de la République & de l’égalité s’unissent, qu’ils veillent sur les défenseurs cachés ou découverts du despotisme & de la royauté, & les projets perfides de tous ces esclaves seront déjoués, & la tyrannie sera détruite à jamais.
Les Administrateurs composant le Directoire du Département de Paris.
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RÉPONSE À LA RÉCLAMATION DES FEMMES
Nos Épouses & nos Mères veulent obtenir la Liberté ou la Mort, & nous voulons aussi qu’elles soient nos égales, nos compagnes & nos sincères amies ; nous le voulons, pour notre propre intérêt, pour la Justice, pour l’affermissement de nos loix, pour l’accomplissement de l’acte constitutionnel qui assure la propriété à chaque individu Français.
Les petits despotes disent que si l’on explique la loi, & que les Femmes viennent à connaître leurs Droits, il y aura beaucoup de mariages dissous, & une grande confusion dans les Familles. Oui, les mauvais mariages se rompront, c’est un grand avantage dans la Société, & les bons seront plus solidement établis, puisqu’ils seront unis par la force de la volonté réciproque.
Au surplus, pourquoi tromper nos Femmes sur les Effets d’une liberté qui doit leur être aussi commune qu’à nous, puisque la constitution assure à tous les individus Français, Liberté, Propriété, sureté & résistance à l’oppression.
[Affiche de soutien des hommes aux revendications de la « Réclamation des femmes ».
Les cahiers de doléances de 1789
Lettre du roi, pour la convocation des états généraux, à Versailles, le 27 avril 1789.
De par le roi.
Notre amé et féal, nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons, relativement à l’état de nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de notre royaume. Ces grands motifs nous ont déterminé à convoquer l’assemblée des États de toutes les provinces de notre obéissance, tant pour nous conseiller et nous assister dans toutes les choses qui seront mises sous les yeux, que pour nous faire connaître les souhaits et les doléances de nos peuples : de manière que, par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté le plus promptement possible un remède efficace aux maux de l’État, et que les abus de tout genre soient réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la félicité publique, et qui nous rendent à nous particulièrement le calme et la tranquillité dont nous sommes privés depuis si longtemps.
À ces causes, nous vous avertissons et signifions que notre volonté est de commencer à tenir les États libres et généraux de notre royaume, au lundi 27 avril prochain, en notre ville de Versailles, où nous entendons et désirons que se trouvent aucuns des plus notables personnages de chaque province, bailliage et sénéchaussée. […]
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Cahier de la ville de Chalais, sénéchaussée de Saintes (Charente)
Détruisez, anéantissez, ô le meilleur des rois ! Roi d’une nation libre ! Toutes ces gênes et autres, ces restes de la barbarie ; accordez à vos fidèles, à vos bons sujets toute la liberté qu’ils peuvent porter ; ils vous béniront, ils vous chériront davantage, s’il était possible ; vous n’en serez que plus puissant. Les grands et les petits tyrans seront détruits. Si vous ajoutez à ce bienfait, la tolérance générale, qui ne fera aucun mal à notre religion, qui, au contraire, nous procurera le bien de porter nos ministres à s’adonner plus au travail ; qui sera plus cher que vous à toutes les nations ? Quel ennemi oserait vous attaquer ? La liberté, la force, la volonté de vos sujets se réuniraient à votre force et à votre volonté ; il serait bientôt vaincu ! […]
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Cahier de la noblesse du bailliage d’Amien (Somme)
Ils demanderont que les impôts personnels soient perçus dans le lieu du domicile des contribuables et les impositions réelles dans celui de la situation des biens.
Que la gabelle soit à jamais abolie, étant un véritable fléau pour le peuple et, pour se servir de l’expression du roi, un impôt désastreux.
Que l’on s’occupe de détruire la mendicité par une bonne police, par le secours des caisses de charité et par l’établissement des travaux publics.
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Cahier du tiers état de Vic, bailliage de Toul (Meurthe-et-Moselle)
Qu’il soit permis aux communautés de traquer le grand gibier et bêtes fauves, pour éviter les ravages considérables qu’elles occasionnent habituellement aux environs des forêts des grands seigneurs, lorsqu’il sera justifié que lesdits seigneurs n’ont eu aucun égard aux plaintes des habitants, ni réparé le dommage qui aurait pu leur en résulter.
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Cahier du tiers état du bailliage d’Amiens (Somme)
Le tiers état, qui, il y a sept à huit siècles, était dans un esclavage presque égal à celui dans lequel les nègres gémissent actuellement, doit s’intéresser à leur sort : il demandera que leur esclavage soit aboli ; et si des raisons politiques s’y opposent absolument, qu’il soit adouci autant qu’il est possible. […]
L’assemblée, ayant pris en considération le commerce de la côte d’Afrique et de nos colonies, est demeurée d’accord que la traite des nègres est l’origine des crimes les plus atroces : qu’un homme ne peut, à aucun titre, devenir la propriété d’un autre homme ; que la justice et l’humanité réclament également contre l’esclavage. […]