« D’un coup d’aile tu rejoins / le Printemps des Poètes » écrit François Cheng dans un quatrain inédit composé expressément pour le festival. Il figure sur l’une des six cartes poèmes que la Fondation La Poste a imprimées à 60 000 exemplaires, une invite à l’écriture. Depuis 1999, la Fondation est partenaire du Printemps des Poètes. Cette manifestation nationale a fêté ce mois-ci sa 20ème édition sous le signe de « l’Ardeur » et sous la direction de Sophie Nauleau qui succède à Jean-Pierre Siméon. Ernest Pignon-Ernest en a réalisé l’affiche, un pastel sur une toile sans apprêt, représentant un être ailé, bleu, que surplombent les lettres de « l’Ardeur » teintées d’un orangé de cadmium. Pour cette image, cette aile victorieuse et ardente qui rappelle la Victoire de Samothrace, il a mis de côté la pierre noire et le papier dont il se sert pour les dessins et sérigraphies qu’il appose sur les murs des villes depuis 50 ans. Des corps, en noir et blanc, à taille humaine, personnes anonymes ou célèbres, engagées en poésie, en art, victimes d’un drame social, politique ou culturel, faisant partie intégrante de l’histoire de l’humanité et de l’histoire de l’art, des corps, d’une facture classique qui s’inscrivent dans un lieu choisi, lui-même pensé comme un véritable matériau plastique dont la charge symbolique et la mémoire sont exacerbées par la démarche contemporaine de l’artiste. Ernest Pignon-Ernest colle des images de Pier Paolo Pasolini à Naples, Rome, Matera et Ostia, le lieu de son assassinat, de Mahmoud Darwich à Ramallah, d’Arthur Rimbaud à Charleville et Paris, pour ne citer qu’eux. Aussi, il aime à faire le portrait des poètes, ceux de la poésie vécue*, ceux qui incarnent leur époque, leur pays, en nourrissant son trait des images existantes, mais surtout de la lecture de leurs œuvres, afin de saisir à travers les textes la singularité d’un regard, d’une vie entière.
Conversation avec Ernest Pignon-Ernest un après-midi à La Ruche, cité d’artistes.
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