FloriLettres

Édito mars 2016. Par Nathalie Jungerman

Émile Zola, Lettres à Alexandrine - Prix Sévigné.

Édito

Depuis dix ans, la Fondation La Poste apporte son soutien au prix Sévigné dont le jury, présidé par Anne de Lacretelle, a récompensé le 3 février 2016 l’édition des lettres d’Émile Zola à son épouse Alexandrine. Ce corpus paru chez Gallimard en septembre 2014 est le dernier grand inédit de l’auteur des Rougon-Macquart. Avec les Lettres à Jeanne Rozerot (la maitresse de Zola et la mère de ses enfants), il fait partie d’un ensemble qui constitue la « correspondance intime » du romancier. Les deux volumes publiés à dix ans d’intervalle ont été établis, présentés et annotés par son arrière petite-fille, Brigitte Émile-Zola, qui est docteur en médecine, auteur de Mes Étés à Brienne (Éditions du Frisson, 2008) et par Alain Pagès, spécialiste de la vie et l’œuvre de l’écrivain et du mouvement naturaliste de la seconde moitié du XIXe siècle. Professeur de littérature française à l’Université Paris III - Sorbonne Nouvelle, Alain Pagès dirige également l’équipe Zola au sein de l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM). La correspondance avec Alexandrine commence en juillet 1876 et s’achève en décembre 1901 ; le 29 septembre 1902, le couple est dans son appartement, situé au 21 bis rue de Bruxelles, à Paris. Zola meurt asphyxié à l’oxyde de carbone pendant la nuit, Alexandrine survit. Une cheminée défaillante. Accident, négligence, malveillance, homicide ? Rien n’est certain. Zola recevait des menaces depuis qu’il avait écrit en 1898, « J’accuse... ! », lettre adressée par voie de presse au Président de la République Félix Faure pour infléchir le cours de la justice, et sauver de l’emprisonnement à perpétuité un innocent accusé de trahison : l’officier Alfred Dreyfus...
Les lettres que Zola envoie à sa femme tous les jours à partir de 1895 – quand celle-ci séjourne en Italie ou que lui-même subit un exil en Angleterre (1898-1899) – donnent une description précise des conditions de sa vie quotidienne, de son existence d’homme public, évoquent la tâche littéraire qu’il s’est fixée, et surtout, montrent son énergie et son combat pour le triomphe de la vérité et de la justice. Le 3 février dernier, le prix Sévigné couronnait le travail éditorial de ce recueil et célébrait également ses vingt ans dans les salons du Belvédère de la Bibliothèque nationale de France (site François Mitterrand) où Jean-Marc Chatelain, conservateur de la Réserve des Livres rares, avait réuni pour l’occasion un choix d’éditions précieuses de correspondances du XVe au XVIIe siècle, et quelques manuscrits.