Pierre Musso – professeur honoraire des Universités, spécialiste de sciences politiques, co-directeur de l’édition critique des Œuvres complètes de Saint-Simon (1760-1825) et auteur de nombreux ouvrages sur le philosophe « inventeur » – a établi, préfacé et annoté l’édition de sa correspondance. Publiée avec le soutien de la Fondation La Poste et parue ce mois-ci chez Manucius dans la collection Le Philosophe dirigée par Jean-Jacques Gonzales, « cette édition est une première », nous dit Pierre Musso. Quelques fragments ont été cités ou publiés dans des revues, des ouvrages, mais un recueil de lettres n’avait jamais vu le jour. Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, d’origine picarde, naît et meurt à Paris. Il est un cousin éloigné du duc de Saint-Simon, le mémorialiste de Louis XIV. Il renonce à son titre de noblesse en 1790 et commence son œuvre en 1802, à plus de quarante ans. Tous les grands courants du XIXe siècle s’en réclament, les socialistes mais aussi les libéraux. Il est à la source du positivisme d’Auguste Comte, de la sociologie de Durkheim, de l’industrialisme, du saint-simonisme. Il est « porteur d’une nouvelle vision de la société, la « société industrielle », pour sortir des secousses et des méandres de la Révolution ». Les lettres sont classées par ordre chronologique et par séquences liées à la vie mouvementée de Saint-Simon qui a connu la guerre d’Indépendance en Amérique, la Révolution française et différents régimes politiques et sociaux. Un riche appareil critique (préface, annexes, tableau récapitulatif des lieux de résidences de Saint-Simon et index) accompagne les lettres qui sont toutes présentées et annotées.
Le bicentenaire de la mort du philosophe est commémoré cette année avec la publication de cette correspondance, un colloque les 16 et 17 mai prochains et une exposition en parallèle. Pierre Musso, que nous avons interviewé, publiera une nouvelle biographie de Saint-Simon à l’automne et co-dirigera un numéro spécial de la Revue du XIXe siècle qui paraîtra en décembre.
Édito