En juillet 2009, au Festival de la Correspondance de Grignan, qui avait pour thème « Voyages en Italie », Martin Rueff, poète, critique, traducteur et maître de conférences à l’Université de Paris-VII-Denis-Diderot ainsi qu’à l’Université de Bologne où il enseigne la littérature et la philosophie, était venu présenter les Œuvres de Cesare Pavese dont il avait établi le volume un an plus tôt dans la collection Quarto chez Gallimard. Il fit un portrait passionnant de l’écrivain qui fut un grand éditeur, figure centrale de la maison d’éditions Einaudi dans l’Italie d’après-guerre, un traducteur de la littérature américaine, un poète, un romancier et essayiste, né en 1908 et mort volontairement à l’âge de quarante-deux ans. Son journal, Le Métier de vivre, rédigé entre 1935 et 1950, d’une importance aussi capitale que ceux de Virginia Woolf et de Franz Kafka, nous est donné à lire intégralement, pour la première fois, dans ce remarquable ouvrage qui s’emploie à rendre toute la cohérence de l’unité revendiquée par Pavese. Au fil des pages du Métier de vivre, s’inscrivent des lettres choisies par Martin Rueff qui a tenu à les mettre en vis-à-vis du Journal et à faire « entendre le désespoir de cet homme au-delà des phrases terribles » qu’il se dit à lui-même les derniers instants de sa vie. De larges extraits de la correspondance écrite avant 1935 nous sont également proposés dans Vie et Œuvre, biographie illustrée en préambule à l’édition des textes. Dans cette conversation avec Martin retrouvé depuis Grignan et son château, à travers sa voix précise et sa pensée d’une rare exigence, nous entrons avec passion dans l’univers de Cesare Pavese
Édito