Au tournant du XXe siècle, le chemin de fer venait relier deux mondes, l’Indochine colonisée et le Yunnan, province montagneuse du sud-ouest
de la Chine, dont les paysages inviolés et difficiles d’accès étaient d’une grande beauté. Georges-Auguste Marbotte (1861-1936) et Albert Marie (1875-1940) font partie des Français qui ont participé à la construction de la ligne de chemin de fer du Yunnan.
Le premier est comptable à l’esprit aventureux, passionné de photographie. Marié à Blanche, institutrice, il a un enfant prénommé Jean. Blanche est enceinte de 4 mois lorsqu’il embarque seul en juillet 1903. Il arrive en Chine fin septembre et rentrera en France le 12 juillet 1906. Sur le chemin du retour, il passe par Hong Kong, le Japon, le Canada, le continent américain. Il repartira au Yunnan deux mois plus tard avec son épouse et ses deux enfants. La famille y restera jusqu’en 1908. Sa correspondance, les reportages photographiques qu’il a réalisés (il acquiert un statut de « photographe officiel » sur les chantiers) et le journal de Blanche ont été conservés et transmis à la postérité par Pierre Marbotte, son petit-fils. Le deuxième, Albert Marie, jeune ingénieur, est employé par la compagnie des PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) avant d’accepter l’offre d’emploi de la Compagnie Française des Chemins de Fer de l’Indochine et du Yunnan. Il part en juin 1904 pour la Chine et reviendra en France en 1907. Pendant ces trois années loin de sa famille – parents, frère et petite sœur –, il écrit régulièrement « à trois mois de distance épistolaire », envoie des photos et raconte avec précision le cadre dans lequel il se trouve, la vie quotidienne et les difficultés sur le chantier, le travail qu’il fournit, la construction de la ligne et des ponts... Ses petites-nièces, Élisabeth Locard et Odile Bernard ont rassemblé ces précieux témoignages et se sont lancées, avec Pierre Marbotte, dans un projet éditorial : Le chemin de fer du Yunnan. Une aventure française en Chine, ouvrage richement illustré paru en octobre dernier chez Elytis avec le soutien de la Fondation La Poste.
Édito