« Je sens quelque inquiétude à l’idée que demain je n’aurai peut-être rien à écrire ici, et que je serai peut-être obligé de faire appel à mes souvenirs ; je prends un soin un peu sot de ne pas laisser passer de journée sans rien noter ; il m’est difficile de me laisser vivre, tant j’ai peur de l’oubli, de la désaffection, de l’amoindrissement. », consigne dans un carnet en 1934, le jeune Henri Thomas alors âgé de 21 ans. Il sera l’auteur d’une cinquantaine de livres et l’ami de Jean Paulhan, André Gide, Antonin Artaud, Arthur Adamov… Poète, romancier, traducteur de Pouchkine, Shakespeare ou Goethe, écrivain libre et inclassable, il reçoit de nombreuses distinctions, dont le Prix Valéry-Larbaud en 1970 pour l’ensemble de son œuvre. Pourtant, il fera partie de ces écrivains oubliés. Claire Paulhan édite aujourd’hui ses premiers Carnets – compagnons
de route jusqu’à sa mort, en 1993 – rédigés entre ses 21 et 35 ans. L’édition est établie par Nathalie Thomas, sa fille, qui a retrouvé et transcrit les manuscrits, présentée par Jérôme Prieur et annotée par Luc Autret. On assiste à la naissance d’un écrivain, pour qui « Toutes ces notes sont les moments d’un jeu, - l’ombre de ces moments ».
Édito