L’A.I.R.E. fondée en 1987, réunit tous ceux qui étudient le discours épistolaire et les correspondances d’écrivains. Elle organise des colloques et des journées d’études, en privilégiant l’interdisciplinarité.
Le numéro 49 de la revue Épistolaire qu’elle édite, se compose d’un dossier intitulé « Ces Méchantes lettres » dont l’objet est de mettre en valeur et d’étudier une dimension souvent sous-évaluée dans la lettre : l’agressivité, sous toutes les formes qu’elle peut prendre dans la communication à distance. Si l’entretien épistolaire s’établit en général sur un lien d’amitié, d’amour, ou simplement d’intérêt pour l’autre, il peut aussi se nourrir d’oppositions, de querelles, qui font perdurer ce lien mais de façon conflictuelle. La lettre peut alors servir à « régler des comptes », empruntant pour cela toutes les ressources de la communication à distance et de la rhétorique épistolaire. L’objet de ce dossier est donc d’explorer ce large spectre de la communication épistolaire généralement peu mis en lumière par les études de correspondances.
Le corpus envisagé est large il va de Madame de Sévigné à François Truffaut, en passant par Voltaire, Zola, Gauguin, Godard, et quelques autres. Ce dossier a été préparé par Geneviève Haroche, directrice de la publication, et Karin Schwerdtner, professeure à l’Université Western Ontario (Canada). Cette collaboration met en lumière les liens que l’AIRE entend entretenir entre chercheurs internationaux sur la littérature épistolaire.
Une seconde partie – « Perspectives » – fait voyager à travers le temps et l’espace. D’abord, la France du XVIIe siècle grâce à la correspondance de Madame Palatine qui revit sous la plume de Philippe Hourcade. L’amitié est à l’honneur ensuite sous diverses formes, ce qui contraste avec le dossier. Le monde entier est un théâtre épistolaire où évoluent un trio d’auteurs placés « face à l’Histoire ». Les lettres de Rabindranath Tagore, Romain Rolland et Stefan Zweig sont étudiées dans leurs relations par Bandhuli Chattopadhyay.
La couverture de ce numéro est l’affiche du film d’Henri-Georges Clouzot, Le Corbeau, dont l’intrigue est basée sur l’envoi de lettres anonymes, particulièrement « méchantes ».