Napoléon entre l’éternité, l’océan et la nuit, Éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, février 2020.
Édition présentée par Loris Chavanette. Préface de Patrice Gueniffey
La correspondance de Napoléon Ier est une mine d’or pour qui veut percer l’énigme Napoléon. Il faut dire que ce dernier est prodigue en lettres. La récente édition de la correspondance (15 volumes publiés en 17 ans), pilotée par la Fondation Napoléon, lui en attribue plus de 40 000. Aujourd’hui, mieux que jamais auparavant, on est en mesure de savoir qui fut Napoléon, dans son intimité comme dans son activité politique. Sa correspondance demeure l’outil le plus précieux pour restituer ce que son parcours, sa conduite, ses idées et ses émotions ont eu de singulier, ou de commun aux autres hommes. Chacun jugera sur la base de son autobiographie épistolaire. Ce recueil retrace la vie entière de Napoléon, de sa première lettre connue, en 1784, à son testament de 1821. En tout, ce sont plus de 850 lettres choisies et ordonnées de manière chronologique. Le volume confronte sans interruption le mythe napoléonien à la réalité de son existence tourmentée, en lutte perpétuelle avec les princes étrangers, ses ministres, ses généraux, ses épouses et parfois lui-même. L’image de Napoléon, bourreau de travail, pour qui « le vrai courage, c’est celui de trois heures du matin », n’est pas usurpée. Depuis Louis XIV, on n’avait vu une telle implication dans les affaires de l’Etat. Pourtant, dans ce domaine, l’Empereur-soleil a de loin dépassé le Roi-soleil. Il était par conséquent crucial de montrer aussi bien la correspondance avec les grandes figures du pouvoir et les souverains d’Europe, que celle avec des destinataires plus modestes, comme son bibliothécaire ou le parent d’un soldat mort au combat pour lui présenter ses condoléances. Dans ses lettres, de son ascension fulgurante à la fin de son règne, Napoléon ne peut cacher ses multiples visages, ses gloires, ses peines. La France de 1796 à 1815 est certainement pleine de Napoléon, mais cette anthologie permet aussi de retracer les grands drames et enjeux de la période, les trajectoires plus ou moins héroïques des destinataires de ses lettres. Ce livre, certes focalisé sur Napoléon, propose une galerie de portraits des grands de l’empire. On y croise Talleyrand, Fouché, Cambacérès, Murat, Lannes, Bernadotte, Ney, ses frères, ses sœurs, sa mère, Joséphine, Marie-Louise, figures romanesques elles-aussi, et nombre d’autres, parmi les têtes couronnées de l’Europe.
Loris Chavanette, historien de la Révolution française, est l’auteur de Quatre-vingt-quinze. La Terreur en procès (CNRS Éditions, 2017). En 2015, il a publié chez Gallimard Waterloo. Acteurs, historiens, écrivains.
Patrice Gueniffey est directeur d’études à l’EHESS et spécialiste réputé de Napoléon auquel il a consacré plusieurs ouvrages, dont Le Dix-huit Brumaire. L’épilogue de la Révolution française (Gallimard, 2008) et une biographie intitulée Bonaparte (Gallimard, 2013), primée par le Grand Prix Gobert de l’Académie française.