Alors qu'il commence la rédaction d'À l'est d'Eden, son roman le plus ouvertement autobiographique et sans doute le plus ambitieux, John Steinbeck se lance dans une longue lettre qu'il écrit quotidiennement à son ami et éditeur, Pat Covici. Pour lui, cette lettre ininterrompue a une triple vocation : elle le prépare physiquement et psychiquement à la rédaction de ses feuillets du jour ; elle offre un laboratoire dans lequel il revient sur les ambitions du chapitre en cours ; elle lui permet de tenir la chronique de la création en cours, réflexion sur le temps, la littérature, l'inspiration, l’œuvre à l’œuvre. Chaque jour, du 29 janvier au 31 octobre 1951, Steinbeck documente ainsi son processus d'écriture, se confie sur des sujets intimes, offrant ainsi un angle fascinant sur l'expérience du Nobel, une vision de l'homme et de l'écrivain, mais aussi de la relation qui unit un auteur et son éditeur.
Publié aux États-Unis en 1968, l'année suivant la disparition de Steinbeck, Lettres d'À l'est d'Eden, Journal d'un roman, se situe dans la lignée de Jours de travail, Les journaux des Raisins de la colère : traduit par Pierre Guglielmina etparu chez Seghers en 2019. Celui-ci avait été salué d'une presse unanime et existe aujourd'hui en Pavillons Poche, chez Robert Laffont. Avec ce deuxième opus, les Éditions Seghers poursuivent l'exploration de la fabrique de la création par l'un des grands noms de la littérature américaine du XXe siècle.
Rare et précieux, passionnant tant du point de vue littéraire que documentaire, ce livre n'a pas encore fait l'objet d'une traduction française à ce jour. Composé de lettres jamais adressées à son destinataire ni même destinées à la publication, Journal of a Novel documente de façon inédite l'écriture d'un livre culte de la littérature et offre l'authentique testament du Nobel américain.
Traduction et postface de Pierre Guglielmina