Joë Bousquet, L'Opium des songes : Lettres à Ginette Lauer
Éditions Fata Morgana (Fontfroide le haut 34), novembre 2024
Éditeur scientifique et préfacier : Paul Giro
Joë Bousquet (1897-1950) est un poète français dont l’œuvre, reconnue, témoigne d’une sensibilité exacerbée.
À 21 ans, il est contraint, par une blessure de guerre, à garder le lit de sa chambre de Carcassonne. Lorsqu’il écrit, en 1938, la première de ces 30 lettres à Ginette Lauer, il est publié depuis deux ans par Robert Denoël et constitue la “figure de proue” des Cahiers du Sud de Marseille. Il faudra attendre l’édition par Gallimard de Traduit du silence en 1941 pour que soit atteint le sommet de sa carrière littéraire.
Née dans la même ville, Carcassonne, Ginette Lauer (1914-2001) est élevée dans un couvent de religieuses où le contact avec une moniale développe en elle un penchant mystique qu’elle conservera toujours. Quand elle se marie, en 1935, avec Ernest Lauer, elle a déjà un goût prononcé pour la poésie et le théâtre qui se concrétise notamment par la publication de recueils de vers : Fleurs d’Évangile, préfacé par Francis Jammes, Feuilles mortes présenté par Jean Lebrau. Après la mort de Bousquet, elle devient une figure agissante de la vie littéraire et artistique de Carcassonne avec la reprise de la librairie de la Cité dans la rue principale et la création d'une galerie d’art à l’étage.
Ces lettres, écrites par l’écrivain à la jeune femme, révèlent l’intense relation entre ces deux esprits entièrement dévoués à la quête littéraire et artistique.
L’édition et l’appareil critique du volume les réunissant sont assurés par Paul Giro, vice-président de la Société des lecteurs de Jean Paulhan, spécialiste de Joë Bousquet.
Joë Bousquet dispense de précieux conseils sur l’art poétique, souligne l’engagement profond et exigeant qu’il requiert et encourage Ginette Lauer à se lancer pleinement dans son exploration, il aborde ses ambitions et combats d’écrivain, ses propres démêlés familiaux et l’atmosphère recuite de la petite ville de province. Il expose sa façon d’être et de se sentir poète, à rebours de l'échec perpétuel à se "constituer soi-même" : face aux grands défis du monde, autant intérieur qu’extérieur, c’est l’âme humaine toute entière qui brille dans sa complexité.