Née en 1974, Anne Pauly vit et travaille à Paris. Elle est journaliste, auteure, curratrice, militante et pousseuse de disques. Elle co-programme le festival queer « Loud and Proud » et produit une émission quinzomadaire sur la Tsugi Radio. Passionnée par les ondes, elle a aussi produit des émissions sur le féminisme, la vie queer, la contre-culture et les chansons d’amour. Elle écrit pour la revue Terrain Vague qu’elle a fondée avec des amis en 2015. Avant que j’oublie, publié aux Éditions Verdier, paru le 22 août 2019, est son premier roman.
Le jury de la 5ème édition du prix « Envoyé par la Poste » a couronné Avant que j’oublie, votre premier livre, publié chez Verdier. Aviez-vous envoyé votre manuscrit à nombre d’éditeurs ? Qu’est-ce qui vous a guidé vers les éditions Verdier ?
Anne Pauly Quand le master de création littéraire de Paris 8 a ouvert en 2013, j’ai candidaté puis suivi la formation au cours de laquelle j’ai entendu parler de plusieurs maisons d’édition. Je connaissais l’existence de la plupart d’entre elles en tant que lectrice, mais ne les avais pas envisagées en tant qu’auteure. J’en ai retenu trois. J’ai commencé par envoyer mon manuscrit aux éditions Verdier et si je n’avais pas eu de réponse je l’aurais adressé à Verticales et Grasset. Je connaissais une partie du catalogue Verdier pour avoir lu notamment Mathieu Riboulet, Pierre Michon... Je me souviens avoir été éblouie par la première phrase du livre L’amant des morts (2008) de Mathieu Riboulet dont la gravité du propos – l’histoire d’un inceste – était exprimée à la perfection, autant par le rythme que par le choix des mots. Abbés de Pierre Michon m’avait beaucoup plu aussi, le paysage, le décor. Je me rends compte que dans ces écritures, il y a quelque chose de l’ordre de la contemplation ou en tout cas du religieux. Une sorte de scansion où tout s’arrête et on écoute. Ce sont des écritures qui relèvent du recueillement et je crois que la mienne est proche d’une attention portée. J’ai rencontré Colette Olive et Michèle Planel qui ont choisi d’éditer mon livre dans la collection « Chaoïd » dirigée par David et Lionel Ruffel.
« Chaoïd » est une collection un peu dissidente. Elle publie des textes qui sortent du grand catalogue Verdier qui est quand même très impressionnant. Il y a aussi des textes théoriques, des essais, des formes différentes. J’ai été très bien accueillie dans cette maison d’édition. Lionel Ruffel a relu plusieurs fois mon texte attentivement et Michèle Planel est une éditrice extrêmement précise. Ce qu’ils m’ont dit était tout à fait pertinent.
Avez-vous dû retravailler le texte ?
A.P. Quelques petits passages. Pas grand-chose. J’ai dû supprimer par exemple deux gros mots qui ne servaient à rien. C’était la plupart du temps une affaire de dosage. Comme je suis secrétaire de rédaction, je détecte facilement un mot inutile, un adverbe à supprimer. Mais je ne l’ai pas toujours senti dans mon propre texte. Pour autant, j’ai tenu à garder des expressions qui viennent de l’oralité ou du langage de tous les jours. J’écris que le personnage de Félicie « hallucinait complètement » et Michèle Planel m’a rétorqué qu’on hallucine forcément « complètement ». J’ai voulu conserver cette expression familière qu’on utilise quand on raconte ses déboires au café. Il a fallu s’expliquer aussi sur certains mots comme « check », « j’ai fait une liste check... ».
Les deux ou trois gros mots qui sont dans mon texte sont libérateurs. La narratrice s’énerve parfois mais l’agacement est contenu. L’insulte permet de laisser entendre tout ce qu’on aurait à hurler si on se laissait aller. Intégrée à une phrase, elle provoque un soulagement et de l’humour aussi.
Ce livre édité est-il le premier écrit, la première tentative d’écriture ?
A.P. Pas exactement. Au moment des débats sur le mariage pour tous, nombreux sont ceux qui, stupéfaits par les discours homophobes, ont réagi en décidant de créer une revue ou un festival en réponse aux injures proférées. J’ai fondé avec des amis Terrain Vague, une revue queer dont la ligne éditoriale est de faire se rencontrer des auteurs et des plasticiens. Elle explore les lisières du genre, du féminisme, de la Pop culture et de l’art contemporain. J’ai donc écrit deux nouvelles pour Terrain Vague. Mais Avant que j’oublie est véritablement mon premier long texte. Je savais, depuis mon enfance où je lisais énormément, que j’étais capable d’écrire. L’écriture était là mais j’avais besoin d’une validation, d’une autorisation. Je l’ai reçue de mes premiers lecteurs : mes camarades de fac « apprentis écrivains » et les professeurs, eux-mêmes auteurs. Leur avis positif m’a encouragée. Je me suis dit qu’il fallait persévérer, approfondir. Mon activité quotidienne – relire et corriger les textes des autres toute la journée – m’a frustrée car elle n’était pas dédiée à mon propre travail, mais en même temps elle m’a permis d’acquérir une forme d’agilité, de précision. Souvent, les auteurs des articles s’en tiennent à la première idée et ne cherchent pas le mot le plus adéquat. À force d’ajuster la langue des autres, on finit par ajuster la sienne. Il fallait présenter un projet pour le master de création littéraire. Je n’avais aucun travail d’écriture en cours et je me suis mise devant ma feuille. Cette histoire tragi-comique de mort du père et de deuil s’est imposée d’emblée. Je me suis souvenue que j’avais vécu cette période comme une fiction. Une manière de ne pas prendre tout de face. Plusieurs scènes me semblaient cocasses, violentes et absurdes, comme par exemple le fait que ce soit un interne de 22 ans – seul médecin présent dans l’hôpital – qui annonce le décès, ou encore le curé qui s’endort en disant la messe... Ça m’avait semblé tellement fou que je m’étais promis de ne pas oublier.
Avant que j’oublie raconte la mort, l’enterrement et le deuil du père par sa fille, la narratrice. Sauver de l’effacement des êtres et des choses, arracher à l’oubli, est-ce une de vos motivations d’écrire ?
A.P. J’ai perdu ma mère quand j’avais 27 ans. Avant de mourir, elle essayait de me dire qu’elle ne serait plus là et moi, je n’entendais pas. Le cerveau refusait l’information. Je n’ai pas été très présente. Je m’en suis beaucoup voulu de ne pas avoir compris que je ne la verrais plus jamais. Je ne m’en veux plus parce que j’ai été là pour mon père. Avant que j’oublie est une manière de lutter contre la tendance naturelle du cerveau à effacer tout ce qui est désagréable... Des drames de la vie, s’il faut les résumer, il ne reste quasiment rien. Ce qui est fou ! J’ai donc lutté un peu pour contrer l’oubli, pour retarder la vraie mort, celle qui survient quand on se met à oublier. Tant qu’on pense à ses morts ou qu’on leur parle par l’écriture, ils sont encore un peu avec nous.
Ce qui relève du social, des relations familiales, du deuil, sont des choses qui arrivent à tout le monde... Et l’emploi du « je » « autobiographique » dans votre texte, ainsi que le prénom de la narratrice identique au vôtre et celui du père, n’empêchent pas, semble-t-il, un travail de mise à distance, c’est-à-dire un intime partagé avec le lecteur...
A.P. C’est en effet un intime qui touche beaucoup de monde. Depuis la parution de ce livre, je reçois de nombreux messages de lecteurs, amis ou pas, qui m’écrivent pour me remercier. J’en suis très touchée. Ils me disent que ça leur a permis de se souvenir ou de mettre des mots sur des moments, des choses dont ils n’avaient pas eu la patience ou l’envie de nommer. Certains d’entre eux ont aussi eu un père infréquentable et se sont retrouvés dans des situations similaires : violence du couple, d’une époque où il n’était pas question de divorcer. Le « je » est sorti tout de suite mais j’ai pensé qu’il était peut-être impudique et j’ai essayé d’autres dispositifs. Le « tu » ne marchait pas. Quant à la troisième personne du singulier, elle sonnait faux et ne correspondait pas à la manière dont je voulais raconter l’histoire. J’avais l’impression d’un travestissement inutile. Mon « je » écrivant correspond à cette période d’élucidation du deuil par l’écriture. Il s’assume avec cette histoire-là. J’avais attendu toutes ces années pour écrire ; je n’allais donc pas me mettre à parler de quelqu’un d’autre. C’est aussi ce qui a déterminé le choix de la première personne. Le nom du père et celui de la fille sont réels mais tous les autres prénoms ont été réinventés. Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que j’offrais à cet homme, mon père, un tombeau, un mausolée de mots. Il était important de dire que cet anonyme avait existé et que dans la vraie vie, il s’appelait ainsi. Je lui rends hommage et ne pouvais lui inventer un nom. C’était comme un état civil, une filiation et c’est pourquoi j’ai gardé le mien également. Il s’agit aussi d’un cri d’amour... Bien évidemment, tous les faits réels sont recomposés, modifiés, retravaillés...
Y-a-t-il selon vous une perte du sentiment de soi dans l’écriture ?
A.P. D’une certaine façon, l’écriture est comme une transe et peut s’apparenter à ce qui se passe sur le divan du psychanalyste. Des structures de langage, des enchaînements d’images surgissent et bien qu’on ait l’impression d’imaginaires originaux et personnels, ils sont partagés avec d’autres, sans pour autant être des poncifs. On a beau avoir des vies très différentes, les rêves récurrents par exemple sont typiques et très significatifs. La manière dont on en fait le récit en dit beaucoup et affirme sa propre construction du sens et de la langue. Par l’écriture, des éléments à la fois personnels et universels se dévoilent. Le « je » autobiographique n’appartient presque plus à celui qui écrit. Je ne me suis pas dit : « Qu’est-ce qui correspond à la vérité ? » mais : « Qu’est ce qui est le plus juste de raconter ? » et « Est-ce qu’il s’agit d’une émotion ou d’une action suffisamment juste pour être entendue ? ». Finalement, le « je » est là pour faire passer une histoire, il n’est pas là pour abreuver l’univers de sa vision précise des choses.
Dans un entretien, Annie Ernaux dit : « Si la vie apporte des occasions d’écriture, c’est faire entrer cette vie dans une forme qui compte. C’est la forme du texte avec l’immense travail que cela suppose qui fait exister, exister réellement, c’est-à-dire pour d’autres que soi, pour des lecteurs, la vie. » Qu’en pensez-vous ?
A.P. L’élaboration psychique que suppose l’écriture et le choix précis du vocabulaire œuvrent effectivement dans le réel. Les choses de la vie ont été réfléchies, pensées, nuancées. Et toutes ces nuances les rendent importantes pour d’autres que soi.
Certaines phrases dans la presse me fâchent un peu même si je suis ravie bien sûr que mon livre ait tant de retombées. Sans doute parce que j’écris à la première personne, on peut lire des raccourcis tels que : « Cet homme atroce battait sa femme sous la France de Giscard ». Je ne le dis à aucun moment, en tout cas jamais frontalement. Il s’agit de tout un tissage, d’une ambiguïté, et l’histoire ne peut se résumer à « une fille raconte son père qui battait sa femme dans les années 1970 ».
Il y a beaucoup d’humour et différents niveaux de langage dans votre texte. Certains passages m’ont fait penser à la tonalité d’un dialogue de Michel Audiard. Est-ce aussi un procédé de distanciation, une manière de faire face ?
A.P. La comparaison avec Michel Audiard me fait plaisir. C’est un humour dont j’ai hérité. Je partageais avec mon père un regard amusé sur les situations cocasses. Il aimait blaguer et quand il s’est fait amputer, il disait aux gens qu’il rencontrait dans les couloirs de l’hôpital : « Vous aussi, vous vous êtes réveillés comme ça ? »
La scène de l’enterrement – le croque-mort a bu un coup, le curé est mourant, le policier sort de sa valise une visseuse comme si c’était un révolver – offre une galerie de personnages liés à un imaginaire des films que je regardais petite le dimanche soir à la télévision. On ne meurt que deux fois écrit par Michel Serrault, Police Pithon 357 d’Alain Corneau, Les Tontons flingueurs... m’ont beaucoup marquée. Toutes ces ambiances où le temps s’arrête, où un type prend son café indéfiniment, enfile son imper, claque la porte et sort, des scènes qui prennent dix minutes dans le film, n’arrivent plus jamais au cinéma ! Il y a sans doute un peu tout ça dans l’humour de ce texte dont les personnages ont été vus ici ou là mais pas forcément le jour de l’enterrement. Ce qui est certain c’est que les croque-morts dans leur costume avaient vraiment l’air d’être des zombies ! Des onomatopées, « vzzzzt » pour le bruit de la visseuse, ont été rajoutées pour qu’on rît un peu, sinon ce n’était pas supportable. Au tout début, la voiture qui fait « mouip mouip » est en référence à une scène de Pulp fiction qui m’avait beaucoup plu.
Parfois, le ton est aussi celui d’une révolte... L’histoire du chèque par exemple...
A.P. La manière dont l’histoire du chèque est écrite est une fin de non-recevoir. La narratrice a besoin des conseils de son père : il lui donne un chèque ; elle l’interroge sur ce qu’est la vie : un chèque. C’est aussi une mise à distance. S’il m’était arrivé de me lancer dans des discours et des questionnements, la réponse tenait en un mot. J’ai voulu mettre en scène cette non-réponse, cette absence de parole. Le personnage du père demande toujours si on a bien mangé, s’il y avait du monde dans le train, à quelle heure vient la voisine, enfin des choses qui n’ont rien à voir avec ce qu’on pourrait attendre. C’est aussi un jeu sur la masculinité. Qu’est-ce qu’on attend d’un père, d’un mari, d’un grand frère ? Tout le monde fait ce qu’il peut et c’est souvent très décevant. Les conseils de prudence pour l’existence, « Tu éteindras bien ton gaz », sont aussi une façon de dire qu’on tient à l’autre sans l’exprimer parce qu’on n’en a pas les moyens. Une question de génération, de milieu social aussi. Ces hommes ne savaient pas communiquer, se mettaient en colère, n’étaient pas capables de dire : « Je me sens triste car mon patron m’a mal parlé aujourd’hui ». Bien sûr, « Éteins bien ton gaz » signifie « Je t’aime ma fille, sois prudente ». Je voulais rendre par la forme cet empêchement, cette difficulté parfois qu’ont les pères ou les adultes à développer tel ou tel sujet. Je souhaitais aussi évoquer la frustration que cet empêchement suscite chez la narratrice.
Il y a un va-et-vient entre passé et présent, des périodes qui dépeignent le caractère du père, son alcoolisme, sa violence, l’enterrement, le travail du deuil avec des anecdotes tragi-comiques et surtout des inventaires détaillés...
A.P. Les inventaires ont une fonction sociologique puisqu’on décrit des objets qu’une famille ou plusieurs générations ont possédés. Ces objets renseignent davantage sur les personnes que l’évocation de ce qu’elles auraient pu penser ou être. Jouer avec l’énumération de tout ce qui était entassé et qui formait un puzzle insolite dont les morceaux parlaient d’eux-mêmes était amusant. Des outils de boucherie ou des outils agricoles côtoyaient des boîtes de gâteaux Lidl et des lettres d’amour oubliées.
Les inventaires ont aussi la fonction de se demander comment trier une vie, voire deux ou trois. Une tâche très dure et ingrate. Est-ce qu’on va respecter la mémoire ? Je voulais parler également de l’injonction de jeter, de se débarrasser de tout, que les autres – amis, membres de la famille – expriment. L’écriture permet de fixer pour toujours ces souvenirs afin qu’ils ne sombrent pas dans un néant. Bien sûr, j’ai souhaité ces énumérations drôles et surréalistes.
Les avez-vous travaillées ?
A.P. Oui, je les ai beaucoup travaillées. Il a fallu trouver un rythme, un équilibre pour que l’association des mots ne soit ni trop longue ni trop courte. Une lecture m’a aidée qui n’est pas Perec mais un livre de Pascal Herlem. Il s’intitule Limoges (Gallimard, L’Arbalète, 2017) et raconte le retour du narrateur dans sa ville natale un week-end de Toussaint pour se rendre sur la tombe de sa sœur qui vient de mourir. Le protagoniste n’a plus de famille dans cette ville et séjourne dans un hôtel Ibis. Le dimanche matin, il n’a rien à faire, il faut trouver une échappatoire et il se met à décrire tout ce qu’il voit, en l’occurrence la vitrine de l’hôtel dans laquelle est exposée la production de porcelaine de Limoges. Il arrive à transmettre au lecteur sa détresse avec beaucoup de dérision. C’est très drôle, décalé et perturbant à la fois. Je me souviens avoir beaucoup ri.
Parlez-nous du personnage de Juliette dont la lettre envoyée à Anne confirme l’autre facette de la personnalité du père : une humanité, une sensibilité, une poésie... Est-ce une manière d’offrir un récit de réhabilitation ?
A.P. La lettre confirme ce que pressentait la narratrice. Elle est aussi une manière de réhabiliter le personnage du père. Cet homme est mort mais son enfance refait surface et par conséquent tout s’agrège. Le personnage de Juliette est un peu la bonne fée qui arrive de nulle part et délivre à la fin du livre un message essentiel pour continuer à vivre.
Cette lettre, existe-t-elle vraiment ?
A.P. Elle existe vraiment mais elle a été réécrite. La manière dont cette personne connaissait mon père m’a beaucoup étonnée car elle correspondait exactement à ce que j’avais toujours perçu. La lettre permet d’apporter un peu de poésie à toute cette construction. On commence par des éléments concrets et assez sordides (les sacs Leclerc, la prothèse de la jambe...) puis le gracieux l’emporte. Il se passe des choses un peu magiques à la fin du livre. C’était aussi une reprise en main d’un territoire possible : « Mon père, ce clodo » / « mon père, ce héros ». J’ai fait un tombeau et redéfini un petit pays où mon père et moi aurions pu être d’accord. Il existait quand même une connivence autour de l’importance des mots, de l’écrit, malgré son incapacité à parler. Il y avait la promesse du texte, de l’histoire, une foi en un possible verbal qu’il n’a pu expérimenter. J’ai cru en ces possibilités et les ai poussées à un autre endroit.
L’écriture a donc agi en retour sur la vie ?
A.P. Oui. Le sentiment de culpabilité de ne pouvoir empêcher la mort a disparu. C’est aussi un retour sur la vie au sens où je suis née à l’écriture, par cette élucidation-là. L’écriture est désormais un refuge pour moi, un endroit où je suis chez moi, où j’ai toute latitude de dire ou de faire ce qu’il me plaît. L’écriture comme un lieu, une maison.
Et l’évocation de cette chanson de Céline Dion à la fin du livre qui dit l’émotion avec des mots simples. Vous écrivez : « Au-delà de la platitude abyssale du poème et de la ritournelle ridicule, je trouvais ça vachement vrai »...
A.P. Céline Dion, c’est le commun. Aussi, son personnage ultra mégalo m’intéresse. Les chansons qu’elle interprète évoquent forcément quelque chose à tout le monde. « Je te jetterai des sorts pour que tu m’aimes encore » est une rime aussi connue que « Ne me quitte pas ». Annie Ernaux, dans Journal du dehors, écrit tout ce que lui rappelle « Voyage, voyage » de Desireless entendue au supermarché et mentionne les grandes émotions que procure en si peu de temps une petite chanson. Les chansons sont très importantes dans ma vie. Elles sont un vecteur d’émotion et de joie. J’ai commencé par composer mon texte avec des pauses musicales mais ça ne fonctionnait pas bien parce qu’elles n’étaient pas assez évocatrices pour le lecteur. Il en fallait une dans laquelle chacun puisse se retrouver. Les musiques, les sons, sont une façon d’être au monde. Il m’arrive fréquemment d’avoir à l’esprit une chanson qui corresponde à ce qui est en train de se passer dans ma vie. J’ai un jukebox en moi qui recrache le morceau au moment opportun ! J’aimerais bien travailler ça dans un texte, une manière de faire entrer la Pop.
Quand a été choisi le titre du livre ? Avant le travail d’écriture, après avoir terminé ?
A.P. Jusqu’à la fin, mon titre de travail était « Les affaires du mort ». « Avant que j’oublie » était mon deuxième choix (c’est aussi le titre d’un film de Jacques Nolot réalisé en 2007). Les éditrices m’ont affirmé qu’il n’était pas possible d’inscrire « mort » sur la couverture d’un premier roman. Elles ont opté pour mon deuxième titre avec juste raison puisqu’il dit mieux ce que je voulais faire : un inventaire avant disparition.
Qu’est-ce que recevoir un prix littéraire pour un premier roman ?
A.P. Recevoir un prix est un encouragement, une validation supplémentaire, la confirmation d’une intuition. Une porte s’ouvre, on voit le chemin à parcourir et il n’y a plus qu’à travailler. C’est avoir la sensation qu’on ne s’est pas trompé.
AGENDA - Anne PAULY
Vendredi 20 septembre
Librairie Libertalia, Montreuil
Rencontre avec Anne Pauly, autour de Avant que j’oublie, à 19h30.
Libertalia, 12 rue Marcelin Berthelot - 93100 Montreuil
Samedi 21 septembre
Festival VIF !, Villejuif
De 10h à 11h, au Forum : « La nostalgie des commencements », entretien avec Pierre Bergounioux.
De 11h à midi, au Forum : Rencontre thématique « premiers romans », avec Anne Pauly, pour Avant que j’oublie, Céline Huyghebaert (Le Drap blanc, Le Quartanier) et Aurore Lachaux (Compléments du non, Mercure de France).
Mardi 24 septembre
Librairie Les Mots à la bouche, Paris
Rencontre avec Anne Pauly, autour de son premier roman Avant que j’oublie, à 19h.
Les Mots à la bouche, 6 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie - 75004 Paris
Mercredi 25 septembre
— 40 ans des éditions Verdier
Librairie L’Impromptu, Paris
Rencontre, animée par Serge Bonnery, avec Lionel Ruffel, codirecteur de la collection « Chaoïd », Anne Pauly, pour Avant que j’oublie, et Samy Langeraert, pour Mon temps libre, à 19h.
L’Impromptu, 48 rue Sedaine - 75011 Paris
Jeudi 26 septembre
La Criée, Théâtre national de Marseille
Dans le cadre du Festival Actoral et à l’occasion des 40 ans de la maison, rencontre avec Anne Pauly et Emmanuel Venet, en compagnie de Colette Olive, à partir de 19h30.
La Criée, Théâtre national de Marseille, 30 Quai de Rive Neuve - 13007 Marseille
Dimanche 29 septembre
Correspondances de Manosque La Poste
Dimanche 29 septembre, rencontre avec Anne Pauly et Mathilde Forget, à 16h30 (Place d’Herbès). Animation par Sophie Joubert (L’Humanité)
Jeudi 3 octobre
Librairie Charybde, Paris
Rencontre avec Anne Pauly, autour de Avant que j’oublie, à 19h30.
Charybde Ground Control, 81 rue du Charolais - 75012 Paris
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