En décembre prochain, on fêtera le centenaire de la naissance de Jean Genet. À cette occasion, de nombreux ouvrages sont réédités chez Gallimard et deux livres en partie inédits sont publiés dans la collection « L’Arbalète », Les Lettres à Ibis, correspondance de Genet avant ses premières publications, et Le Funambule, texte poétique rendant hommage à son ami Abdallah. Tahar Ben Jelloun consacre à l’écrivain qu’il a bien connu, un récit, Jean Genet, Menteur sublime. « Il m’avait demandé de le rejoindre au restaurant L’Européen, en face de la gare de Lyon. Je pris le métro, troublé d’aller rejoindre cet écrivain que je n’avais jamais espéré rencontrer un jour. » On est en 1974. Il venait de signer son premier roman, Harrouda ; il deviendra, après ce rendez-vous, un proche de Jean Genet. À travers l’évocation des souvenirs de ses conversations avec le poète qui soutenait les mouvements de libération et les groupes en révolte, mettait en jeu les certitudes et les identités, Tahar Ben Jelloun trace un portrait sincère et intéressant. Il publie parallèlement une pièce de théâtre, Beckett et Genet, Un thé à Tanger, qui met en scène une rencontre fictive entre les deux hommes, attendant la visite improbable de leur ami Alberto Giacometti. Les Universités de Paris 8 et de Paris 7, l’École normale supérieure et l’Institut du monde arabe rendent également hommage à l’auteur et organisent un colloque international les 3 et 4 novembre intitulé « Jean Genet et les arts ». Dans les années 1950-1960, Genet écrit des textes relatifs à la sculpture, à la peinture, à l’art du cirque. C’est aussi le moment où il réalise ses plus belles pièces, Le Balcon, Les Nègres ou encore Les Paravents et où il pose pour Alberto Giacometti. « Son mentor était naguère Cocteau, ce sera dorénavant Giacometti, le sculpteur de la solitude humaine » écrit Edmund White (Jean Genet, Gallimard, 1993).
Édito