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Édito novembre 2014

Lettres à Gangotena « Poète habité par le génie et le malheur »

Édito

Poète, né et mort à Quito, en Équateur, Alfredo Gangotena a vécu tout juste quarante ans, de 1904 à 1944. Il est arrivé en France avec sa famille à l’âge de 16 ans, est reparti en Équateur huit ans plus tard accompagné d’Henri Michaux, son hôte et grand ami qui publiera à son retour ses impressions de voyage notées au jour le jour sous le titre Ecuador, livre dédié à Gangotena.
Il a choisi le français comme langue d’écriture. Ses premiers textes, écrits peu après son arrivée en France, sont dès 1923 au sommaire des revues littéraires d’avant-garde, Intentions, Philosophies, La Ligne de cœur...
Les Lettres à Gangotena, aujourd’hui publiées par Mireille de Lassus et Georges Sebbag (Nouvelles éditions Jean-Michel Place) témoignent de l’enthousiasme, pour sa poésie, des grands acteurs de la vie culturelle du moment. Jules Supervielle, Max Jacob, Jean Cocteau, Pierre Morhange, Valérie Larbaud, Jacques Viot, Henri Michaux bien sûr... Tous ont été impressionnés par le jeune poète qui composera trois recueils en français, Orogénie (1928), Absence (1933), Nuit (1938) et un quatrième en espagnol,Tempestad secreta (1940). « Son premier livre, il l’appelle Orogénie – écrit Michaux dans Les Cahiers du Sud en 1934 –, le livre de la terre. Terre extérieure – Gangotena habite le superbe et presque épouvantable pays de hauts plateaux nus et de volcans qu’est l’Équateur – Terre intérieure aussi [...] »
Alfredo Gangotena reviendra en France sous le Front populaire, restera quelques mois et rentrera en Amérique du Sud, déçu de ne pas retrouver l’ambiance parisienne des années 1920. Poète entre deux pays, entre deux langues, il tombera injustement dans l’oubli parce qu’il ne sera ni considéré comme un poète français ni admis par les Équatoriens comme un des leurs. Depuis quelques années, sa réhabilitation est entamée. Ses poèmes ont d’ailleurs été rassemblées et réédités en deux volumes par Claude Couffon en 1991 et 1992 (Orphée, La Différence)...
Conversation avec Mireille de Lassus, historienne de l’art, qui s’est vue confier par les ayants droit de Gangotena le projet de publication du fonds de lettres adressées au poète.