Alain Veinstein est écrivain et poète. Il a reçu en 2001 le Prix Mallarmé pour Tout se passe comme si (Mercure de France), et le Prix de la
langue française en 2010 pour l’ensemble de son œuvre. Son nouveau roman paru au Seuil en janvier dernier s’intitule Venise, aller simple. Alain Veinstein a été la voix des nuits de France Culture, avec les émissions « Les Nuits magnétiques » (créée en 1978), « Poésie ininterrompue », « Surpris par la nuit » ou encore « Du jour au lendemain » dans laquelle il a interviewé chaque soir depuis 1985 et pendant vingt-neuf ans un écrivain. L’Atelier contemporain, maison d’édition dirigée par François-Marie Deyrolle, et L’Institut National de l’Audiovisuel publient aujourd’hui un recueil qui réunit une dizaine d’entretiens qu’il a réalisés entre 1979 et 2000 avec le poète André du Bouchet dont la découverte de ses œuvres et la rencontre ont été pour lui d’une grande intensité. « Je ne pouvais ni lire ni écrire sans penser à lui, tant ses écrits et ses jugements, souvent sans appel, étaient pour moi, l’évidence même » dit-il dans sa préface. L’écriture poétique d’André du Bouchet (1924-2001) accorde une place importante à la force motrice du blanc, à l’espacement qui sépare et relie. Sa poésie aère la parole afin que le langage ne se referme pas sur soi. Outre ses poèmes, ses essais critiques de peinture, de poésie (qui sont une immersion sensible dans le texte), et ses traductions – de Shakespeare, Faulkner, Joyce, Mandelstam,
Hölderlin et Celan –, du Bouchet a tenu des carnets qui ont été publiés à partir de 1989. Il avait l’habitude de prendre des notes en marchant dans la campagne, parfois en compagnie de Pierre Tal-Coat qui, un carnet en main lui aussi, dessinait dans le mouvement de la marche. Ses livres préparés avec les artistes sont « issus d’un rapport d’amitié » : Alberto Giacometti, Bram Van Velde, Jean Hélion, et bien sûr Tal-Coat...
Rencontre avec Alain Veinstein pour une interview (non sans appréhension) d’un intervieweur hors pair.
Édito