Sur les quelque vingt mille lettres retrouvées de Samuel Beckett (1906-1989), rédigées en trois langues – l’anglais, le français, l’allemand –, deux mille cinq cents environ ont été choisies par les éditeurs George Craig, Martha Dow Fehsenfeld, Dan Gunn et Lois More Overbeck pour figurer dans un ensemble de quatre volumes publiés par Cambrige University Press et par Gallimard.
Le premier tome de l’édition française qui comprend les lettres écrites entre 1929 et 1940 a paru récemment. Beckett est alors un auteur débutant et jeune universitaire, érudit, qui après avoir été lecteur à l’École Normale Supérieure à Paris, enseigne à Triunnity College à Dublin ; puis il démissionne, las de l’institution. Il voyage à travers l’Allemagne entre 1936 et 1937, commente dans ses lettres à son ami et principal correspondant, Thomas McGreevy – futur directeur de la National Gallery d’Irlande – les œuvres d’art qu’il est venu contempler. Après son périple, il choisit de s’installer à Paris et déclare en avril 1939 : « S’il y a une guerre, comme je crains que cela soit probable, je me placerai à la disposition de ce pays ».
Sa correspondance, régulière et abondante, témoigne de l’importance de sa relation avec James Joyce, de ses débuts d’écrivain et des doutes qui le submergent – ignorant la reconnaissance à venir –, de son humour souvent féroce et de sa fragilité, de sa facilité pour les langues dont il exploite les possibilités...
Ce premier volume est un document remarquable, tant par la teneur des lettres que par l’appareil critique. Il offre à lire une partie des soixante années d’écriture épistolaire de l’auteur d’En attendant Godot qui recevra le Prix Nobel de littérature en 1969.
Rencontre avec Dan Gunn, Professeur de Littérature Comparée à l’Université Américaine de Paris et coéditeur des Lettres de Samuel Beckett...
Édito