FloriLettres

Édito été 2009. Par Nathalie Jungerman

Bernard Giraudeau • Lettres d'amour et de voyages

Édito

« Ces lettres qui ne pourraient jamais finir sont celles de mes mouvements géographiques et de mes voyages immobiles sur la scène. Mais probablement y verrez-vous un autre voyage plus complexe, plus hardi, plus désespéré. Voyager, dit-on, on n’en revient jamais. » Bernard Giraudeau, Cher Amour (Éditions Métailié).
C’est à une mystérieuse inconnue, citadine, une certaine Madame T. dont le nom se résume à une initiale évoquant la stabilité, que Bernard Giraudeau écrit ces lettres. Il lui raconte ses expéditions lointaines, caméra au poing, sa vie de théâtre, ses faiblesses, ses doutes, la vanité aussi, son désir d’aimer et son retour sur la Jeanne d’Arc avec le titre d’écrivain de marine. L’ancien mécano qui obtient le grade de capitaine de frégate et séjourne dans la chambre de veille amiral, récite à bord des vers élisabéthains. Non sans ironie, il répète sur le navire de guerre puis chez le dictateur Pol Pot, Richard III de Shakespeare, interprétation exigeante à l’image de la tyrannie du roi. Ce sera son dernier rôle avant une longue convalescence, un voyage sur le lit d’hôpital pour « mettre la douleur au repos »... Avec une écriture fluide faite de poésie et de mots crus, il dit aussi la désespérance et la misère humaine, les souffrances et la beauté du soleil couchant sur une montagne d’immondices. Dans son appartement parisien, Bernard Giraudeau reçoit avec chaleur et élégance pour parler de son livre, Cher amour, de soi, des autres et de la vie. Une belle rencontre, un partage.