L’année 2021 marque le bicentenaire de la naissance de Flaubert. À cette occasion le musée des Beaux-Arts à Rouen, le Mucem à Marseille et l’Institut national du patrimoine à Tunis s’unissent pour proposer une exposition inédite et ambitieuse, qui envisage la portée considérable sur les sciences et les arts du roman «monstre» de Flaubert. Le projet explore autant l’immense domaine de la création plastique que l’histoire et l’actualité des fouilles archéologiques du site de Carthage, illustrant la puissance démiurgique du mythe littéraire inventé par Flaubert.
Salammbô est le deuxième livre publié par Flaubert. Il paraît en novembre 1862, six ans après Madame Bovary, qui l’a soudain rendu célèbre, à l’âge de 31 ans. Célèbre sans avoir jamais publié jusqu’alors, par l’effet de scandale qu’avait eu ce premier roman mais surtout par la profonde nouveauté esthétique de son « réalisme ». Le livre à peine terminé (il en corrige alors les épreuves), Flaubert se lance aussitôt dans la conception de ce qu’il appelle son « roman carthaginois ».
Le projet original de Flaubert de faire de Carthage le cadre de son roman le conduit à un travail de documentation et de recherche considérable. Il puise dans les sources anciennes (notamment les auteurs grecs Polybe et Appien) la trame historique de son oeuvre, et dans la Bible, de précieux détails sur les rites et mœurs de l’Orient ancien. La nécessité de disposer de renseignements de première main motive son voyage à Carthage d’avril à juin 1858. Rassemblés dans un carnet aujourd’hui conservé à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, ses notes de voyage, impressions, sensations, croquis de paysages et de ruines forment les fragments épars du futur décor de Salammbô.
L’exposition présente 250 œuvres issues des collections publiques et privées françaises et européennes, dont le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, le Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, le musée d’Archéologie méditerranéenne de Marseille, le Cabinet des Médailles (Archives municipales) de Marseille, les musées de Rouen, Munich et Berlin… Grâce à l’Institut national du Patrimoine de Tunisie, avec lequel le Mucem entretient depuis cinq ans une étroite politique de coopération, des prêts majeurs ont été consentis par les musées du Bardo et de Carthage, permettant au public français de découvrir les trésors archéologiques de l’époque punique.
Dans le catalogue, figurent notamment les fac-similés de 10 pages du manuscrit Salammbô de Flaubert qui font l'objet d'un commentaire complet par l’auteur, dune dizaine de pages de carnets de voyages tenus à Carthage et deux lettres manuscrites.