Maison Zola-Musée Dreyfus est la maison d’Émile Zola restituée et le premier et seul musée exclusivement consacré à l’affaire Dreyfus. Il est ouvert au public depuis novembre 2021, au lendemain de l’inauguration par le Président de la République, et propose la double visite. Il a reçu, après un an d’activité, un peu plus de 20 000 visiteurs.
Lire l'article de Gaëlle Obiégly paru dans FloriLettres 244, novembre 2023
Le projet de ce musée est de faire connaître (ou mieux connaître) Émile Zola et l’affaire Dreyfus. Il s’adresse à tous les publics en mettant un accent fort sur les scolaires et se veut un musée du passé, certes, mais surtout du présent et de l’avenir en ne proposant pas une narration factuelle de l’affaire Dreyfus mais une réflexion autour de ses enjeux et de son actualité en focalisant le propos sur l’antisémitisme, les vertus émancipatrices de la République, la laïcité, etc.
Le catalogue de la Maison Zola-Musée Dreyfus contient 368 pages, il est relié plein papier non couché, en couleurs, d’un format de 24 x 26 cm et comprend près de 700 illustrations. Il donne à voir ou à revoir les œuvres présentées dans la maison et le musée mais aussi de nombreuses autres œuvres, présentes dans le fonds et qui n’ont pas été exposées, ainsi que des études sur Zola, l’Affaire, l’antisémitisme et ses survivances, etc.
Publié en autoédition, tiré à 5 000 exemplaires, vendu au musée et en ligne sur le site du Musée, il s’adresse en priorité au public des visiteurs, curieux et enseignants qui, en complément aux livrets pédagogiques produits par le musée, ont besoin de ressources pour préparer leur visite de la maison et du musée.
Pour rappel : Émile Zola, né le 2 avril 1840, débarque à Paris à l’âge de dix-huit ans, abandonnant la ville d’Aix-en-Provence où il a passé son enfance et sa jeunesse. Il veut devenir écrivain. Dans les longues lettres qu’il écrit alors à ses amis Cézanne et Baille, il formule les éléments d’une recherche intellectuelle qui le conduit progressivement du rejet de la poésie romantique à la définition d’un projet esthétique auquel il va se tenir désormais : l’écriture réaliste.
La carrière journalistique de Zola prend son essor à partir de 1865. L’écrivain multiplie les collaborations, écrit dans toutes sortes de périodiques, dans des journaux de grande diffusion comme dans des revues plus confidentielles. Il propose à ses lecteurs des articles ou des chroniques sur les sujets les plus variés, dans les domaines de l’analyse sociale, politique ou littéraire. Exercée d’une manière continue, cette production intellectuelle dure jusqu’en 1881, date à laquelle il y met un terme : ses romans lui rapportent alors suffisamment d’argent.
Il est question de l’affaire Dreyfus dans la deuxième partie du catalogue. C’est dans ce cadre qu'est publiée la correspondance (une grande partie est à ce jour inédite) entre les Zola (Émile et son épouse Alexandrine) et les Dreyfus (le capitaine, sons épouse Lucie et son frère Mathieu).
Les lettres écrites par Zola à sa femme Alexandrine, au cours de cette période permettent de vivre de l’intérieur le cheminement qui a conduit Zola à se lancer dans le dernier combat de son existence.
Informé par le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner, de l’erreur judiciaire qui avait été commise, invité par ce dernier à se lancer dans la mêlée, le romancier a d’abord hésité, conscient des dangers qui le menaçaient. Il déclare à Alexandrine, le 10 novembre 1897, comme pour la rassurer : « Personnellement je n’interviendrai pas, car je n’ai en somme aucune qualité pour le faire. » Mais il change d’avis, quelques jours plus tard. Il décide soudain de prendre la parole en envoyant un premier article à la rédaction du Figaro. Il l’annonce à Alexandrine d’une manière abrupte, le 24 novembre : « Tu ne sais pas ce que j’ai fait ? Un article, écrit en coup de foudre, sur Scheurer-Kestner et l’affaire Dreyfus. J’étais hanté, je n’en dormais plus, il a fallu que je me soulage. Je trouvais lâche de me taire. Tant pis pour les conséquences, je suis assez fort, je brave tout. » Il ne reviendra plus en arrière. Il est prêt à assumer toutes les « conséquences » de son geste, quelles qu’elles soient.
Une fois encore, dans ce moment où sa vie bascule, il a suivi cette règle de la vérité qui l’a toujours guidé. Il écrit à Alexandrine, le 28 novembre : « Il faut que j’aie raison, et j’ai la certitude intérieure qu’une fois encore, je vais à mon étoile. Je sortirai grandi de tout cela, c’est mon absolue certitude. Ma foi ne m’a jamais trompé.»
Table des matières :
À la croisée de deux destins par Louis Gautier
Livre I. Maison Zola
Chapitre I
Un écrivain à la recherche de la vérité par Alain Pagès
Émile Zola, repères chronologiques
Médan : un hymne à la vie par Martine Le Blond-Zola
Les Soirées de Médan par Alain Pagès
Les « Soirées de Médan » par Paul Alexis
Vérité de l’imaginaire : « Médan-Roman » par Olivier Lumbroso
Chapitre II
L’esprit des lieux par Björn Dahlström
La maison de Médan, repères chronologiques
La maison à l’époque de Zola
Les journées de Médan
Médan par Émile Zola
La salle de billard
La salle à manger
La cuisine
La chambre
La salle de bains
La lingerie
Le cabinet de travail
Cent vingt après par Lionel Burgun
Le domaine, la ferme, le Paradou
Le pèlerinage littéraire de Médan
Le pouponnière de Médan
Le buste de José de Charmoy
Livre II. Musée Dreyfus
Chapitre I
L’affaire d’Alfred Dreyfus par Charles Dreyfus
1894-1908 par Philippe Oriol
L’Affaire, repères chronologiques
La déportation de Dreyfus
Alfred Dreyfus antihéros et témoin capital par Jean-Louis Lévy
L’affaire Dreyfus. Un temps de combats, de mémoires et de modernités par Vincent Duclert
Chapitre II
Musée Dreyfus. Un projet… par Philippe Oriol
Montrer l’Affaire par Christophe Martin
Le « générique »
Deux enfants de la République
L’affaire Zola par Philippe Oriol
Lucie, Alfred et Mathieu Dreyfus, Alexandrine et Émile Zola. Correspondance croisée
Ils en ont parlé
Dreyfusisme de tribune
Le Syndicat…
Le camelot, un acteur majeur de la diffusion de l’antisémitisme pendant l’affaire Dreyfus par Jean-Yves Mollier
L’Affaire en dessins par Pierre-Olivier Perl
Une affaire internationale
S’engager ou pas ? Ou comment l’Affaire ne fut pas celle de tou(te)s par Benoit Marpeau
Zola a-t-il été assassiné ? par Alain Pagès
Zola au Panthéon par Philippe Oriol