Il s’agit de la correspondance inédite entre Hélène Berr et son amie d’enfance Odile Neuburger avec qui elle allait au cours Boutet de Montvel, rue du Faubourg Saint Honoré. En 2020, Antoine et Olivier Hyafil, les deux fils d’Odile Neuburger, découvrent dans un sac qu’ils n’avaient pas ouvert jusque-là, 74 lettres d’Hélène Berr et 203 lettres de leur mère. Les voici rassemblées et publiées pour la première fois.
Du 16 juillet 1934 au 12 avril 1939, la correspondance est complète. Du 12 avril 1939 au 23 février 1943, seules les lettres envoyées par Odile Neuburger à Hélène Berr ont été retrouvées. De septembre 1940 à avril 1942 aucune lettre, elles sont toutes les deux à Paris. Dès qu’Odile est en zone sud, leur correspondance reprend, sauf qu’il manque les lettres d’Hélène. Du 23 février 1943 jusqu’au 1er mars 1944 soit sept jours avant l’arrestation d’Hélène Berr, à nouveau, les lettres envoyées par Hélène ou Odile se répondent.
Cette correspondance comprend des fac-similés de plusieurs lettres et la reproduction des dessins des deux correspondantes.
Dominique Missika, historienne et co-auteure de la biographie de Robert Badinter, Un homme juste (Tallandier, 2021), présente et édite cette correspondance.
Le 7 avril 1942, Hélène Berr commence son journal. Une semaine plus tôt, Odile Neuburger, sa meilleure amie, a quitté Paris avec ses parents pour se réfugier en zone libre : les Allemands étaient venus arrêter son père, mais se sont trompés d’adresse, ce qui a permis aux Neuburger d’être prévenus.
Le 9 avril Hélène évoque « la pensée qu’Odile est définitivement partie juste au moment où il y avait un épanouissement et cet approfondissement de notre amitié qui se préparait. Comment vais-je faire maintenant ? » Dans une lettre plus tardive, Odile en quelque sorte lui répond : « Tu connais la valeur des lettres. Elles sont un moyen d’expression tellement plus vrai, tellement plus sincère que la parole. On peut s’écrire tant de choses qu’on ne peut pas se dire. »
Une partie de la réponse à la question d’Hélène est sans doute effectivement dans ces lettres, récemment retrouvées par la famille d’Odile, qui couvrent la période 1934 -1944, ce qui montre que les deux amies, qui se côtoyaient quotidiennement sur le pupitre qu’elles partageaient au cours Boutet de Monvel, avaient pris depuis longtemps l’habitude d’échanger lorsqu’elles étaient séparées.