Cet ouvrage analyse près de 400 cartes postales qui témoignent de la circulation du photomontage en Europe, aux USA, en Russie et au Japon et de sa pénétration dans la culture populaire. Outils de propagande ou expressions fantaisistes, ces cartes puisent leurs formes dans la mythologie, les illustrations, la caricature, tout autant que dans la photographie et le cinéma des origines.
La technique du photomontage était utilisée pour valoriser les « cartes-vues » de paysage tout autant que pour renouveler les « cartes fantaisie ». Souvent, ces « caprices visuels » sentimentaux, analogiques, hyperboliques, aux effets visuels chaotiques, étaient inventés par des artistes imprimeurs anonymes. Leur diffusion massive – plusieurs millions d’exemplaires parfois – nécessita le perfectionnement des techniques de reproduction photographique ainsi qu’un règlement international des postes.
L’auteur interroge la place de la carte postale dans l’histoire de l’art : au vu de ce foisonnement, comment se peut-il que les dadaïstes aient revendiqué l’invention du photomontage ? que Walter Benjamin n’évoque guère ces images miniatures tandis que les surréalistes se passionnaient pour les cartes fantaisie ? que Paul Éluard les considérait comme la « petite monnaie de l’art » pour distraire les exploités ?
Entre histoire de l’art et études culturelles, cette recherche donne ses lettres de noblesse à la carte postale, considérée comme un art mineur au regard des historiens de l’art. Un bel ouvrage en couleurs, richement documenté, rassemblant quelque 400 cartes postales étonnantes.