En 1979, Béatrix Beck obtient le prix du Livre Inter pour La décharge, renouant ainsi avec le succès.
Elle ne choisit pas la facilité l'année suivante, en publiant Devancer la nuit où elle poursuit un double objectif. D'une part, écrire un livre composé uniquement d'échanges épistolaires et de dialogues sans que jamais la présence d'un narrateur omniscient ou externe n'intervienne. D'autre part, rendre hommage à l'écrivain Roger Nimier, avec qui elle noua une amitié en 1951 et jusqu'à sa mort en 1962.
L’édition proposée fait suivre Devancer la nuit de ce qui reste aujourd'hui de la correspondance Beck-Nimier. Marie Nimier, ayant droit de Roger Nimier, a bien voulu confier à l’éditeur les lettres de Béatrix Beck conservées dans les archives de son père.
Quant à Béatrix Beck, preuve de l'importance qu'elle accordait à ces lettres, elle conservait dans un cartable de cuir les lettres qu'il lui restait de Roger Nimier, avec celle d'André Gide et celles de Claudel à son père Christian Beck (toutes aujourd'hui déposées à l'IMEC).
Cette correspondance, quoique fragmentaire, fait évidemment écho à Devancer la nuit tant la personnalité désespérée de Roger Nimier y transparaît, mais elle raconte également en creux les années cinquante de Béatrix Beck : sa lutte pour devenir française (ce que le Goncourt n'a pas réussi à faire, Roger Nimier y parvient) ; ses amitiés et amours avec des figures de la droite ou de l'extrême droite, ce qui ne manque pas de surprendre chez un écrivain ouvertement communiste et peu susceptible, sur le plan idéologique, d'accointances avec ce milieu politique.
Article de Gaëlle Obiégly sur Devancer la nuit suivi de Correspondance avec Roger Nimier