« C’est cette nuit-là que Zigman Zisel Zimmerman décide (...) d’émigrer avec femme et enfants au-delà des mers, là où nul Cosaque, nul bagnard assoiffé ne sauront les trouver afin de leur faire la peau – l’année prochaine à New York, chuchote-t-il pour lui-même, effrayé un peu de pervertir ainsi l’incantation traditionnelle par quoi se clôturent les cérémonies de Pessah : ( ...) l’année prochaine à Jérusalem... » Antoine Billot, L’Année prochaine à New York, Dylan avant Dylan (Arléa, août 2017).
Robert Allen Zimmerman, dont les grands parents originaires d’Ukraine et de Lituanie ont émigré aux États-Unis en 1905 pour fuir les pogroms qui frappaient les Juifs d’Europe de l’Est, naît en 1941 à Duluth dans le Minnesota. À 21 ans, il change officiellement de nom pour devenir Bob Dylan. Musicien, chanteur, poète, peintre, cet « Orphée du Nouveau monde », qui dans les années 1960 fut malgré lui le « héros de la contestation sociale », s’est vu attribuer le prix Nobel de littérature le 13 octobre 2016.
Dans L’Année prochaine à New York, son neuvième livre, Antoine Billot s’est intéressé à l’enfance et adolescence de Dylan, à ses racines, à l’itinéraire de ses parents et aïeux qui ont vécu l’exil. Le récit qui s’achève avant que le jeune Zimmerman ne choisisse son pseudonyme est une traversée temporelle dans laquelle les destins individuels sont partie prenante des événements historiques. Ils permettent d’évoquer, du singulier au collectif, l’histoire des immigrants, la crise de 1929, le Dust Bowl (le désastre écologique dans les années 30), les camps de la mort, l’Amérique après-guerre, le maccarthisme, le racisme..., tout ce qui définit l’héritage culturel de l’auteur de Blowin’ in the Wind et rejaillit dans ses chansons. Édité par Arléa dans la collection « La rencontre » que dirige Anne Bourguignon, ce livre interroge le thème de l’identité, analyse le modèle américain et sa capacité sociale d’assimilation. L’avancée narrative se caractérise par de longues phrases cadencées où se succèdent et s’imbriquent les propositions édifiées comme une architecture ou une partition musicale. À la vérité biographique se mêle la fiction. L’Année prochaine à New York, Dylan avant Dylan est un récit passionnant qui se lit d’un seul souffle.
Réalisateur et scénariste, Jean-Baptiste Andrea a remporté le Prix « Envoyé par La Poste » pour son premier roman, Ma reine, publié aux Éditions L’Iconoclaste. L’attribution a eu lieu au Centre National du Livre le 1er septembre dernier. Six ouvrages étaient en lice, sélectionnés par le jury que préside Olivier Poivre d’Arvor.